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Plus de matière grise pour moins d’énergie grise...

“La pierre : le matériau de construction le moins énergivore”


L’architecte lyonnaise Elisabeth Polzella affirme l’importance du caractère environnemental de la construction en pierre, dans une activité, le “Bâtiment”, qui est l’un des secteurs des plus émetteurs de CO2.

“On doit donc se poser la question, c’est une évidence, alors qu’aujourd’hui nous sommes sous le règne du polystyrène...”

Elisabeth Polzella lors de la 1ere édition du salon Rocalia

Elle affirme que la pierre est le matériau avec le plus faible coût énergétique : 50 kWh/ pour produire 1m3 de pierre, 350 kWh/m3 pour le bois scié, 700 kWh/m3 pour le béton jusqu’à 46 000 kWh/m3 pour l’acier !

Elisabeth Polzella parle aussi de transmission. Avec la pierre on construit des bâtiments durables que l’on peut transmettre dans le long terme. D’autant plus que, comme l’a énoncé l’architecte tessinois Luigi Snozzi, et contrairement à ce que l’on peut penser, “si tu cherches la flexibilité construit toujours tes murs avec de la pierre”. “A partir du moment où nos bâtiments en pierre sont dessinés avec une certaine rationnalité constructive, avec des trames, des rythmes, des proportions, celà leur permet ensuite de se plier à plusieurs usages. On voit bien à Paris que le patrimoine haussmanien qui était fait pour avoir de très grands appartements, en abritent aujourd’hui de plus petits ou des bureaux”.

Avec la construction en pierre, “on est conduit à dessiner beaucoup plus de choses, les calepins, les appareillages, des épures, et c’est un véritable plaisir”.

La Hall de Lamure-Sur-Azergues (69) réalisée par E. Polzella - Photo : G. Fessy


Elisabeth Polzella détaille également six intelligences que la construction en pierre mettait en évidence :

- l’intelligence urbaine, car un bâtiment en pierre s’intègre très facilement à son environnement quel qu’il soit, “sans besoin de faire du mimétisme ou du pastiche”.

- l’intelligence sociale, avec un double sens. D’abord la fierté des professionnels de participer à un chantier en pierre, l’architecte citant les témoignages de maçons qui emmenaient leurs familles le dimanche voir le bâtiment qu’ils construisaient, ou ceux de responsables d’entreprises dont les équipes de pose préféraient les chantiers en pierre aux autres.

Ensuite le plaisir des usagers. “Par exemple dans les logements sociaux, les habitants se les approprient beaucoup plus”, par des décorations ou de petits aménagements personnels. Les promoteurs sont également très satisfaits car ils constatent moins de turn-over au niveau des locataires, beaucoup moins de dégradations et donc peu de maintenance. Et lorsqu’on mesure le coût d’un bâtiment en pierre sur le long terme en intégrant par exemple cette notion maintenance, il devient encore plus compétitif.

“On donne toujours un prix au m2 à la livraison, il faudrait aussi le donner au bout de 10 ou 20 ans”.

- L’intelligence constructive qui s’exprime notamment dans l’organisation des chantiers qui sont plus rationnels, plus simples, et également plus propres et plus rapides.

- L’intelligence architecturale, par l’agencement d’espaces paisibles et polyvalents

- L’intelligence économique, car quand tout est bien pensé et anticipé, la pierre n’est pas plus chère.

Elisabeth Polzella aime faire référence à Philibert Delorme et à “l’art de bien bâtir à petits frais”.

- L’intelligence énergétique, la pierre étant un matériau le moins consommateur d’énergie ou d’eau pour des performances supérieures à beaucoup d’autres, quand on l’analyse depuis son extraction jusqu’à sa vie en

œuvre.

Le parking Saint-Charles à Saint-Didier-Au-Mont-d'Or (69) réalisé par E. Polzella - Photo : L. Farges

Elisabeth Polzella aime reprendre à son compte trois principes de Vitruve : Venustas, Firmitas, Utilitas, la pierre c’est beau, pérenne et utile. Une trilogie que l’architecte applique dans ses projets de construction comme celui de la halle de Lamure-sur-Azergue, chantier de pierre et de bois qui a reposé la problématique de ce qu’était la construction traditionnelle : acier + béton ou pierre + bois ? Elisabeth Polzella aime rappeler quelques éléments fondamentaux, en expliquant que pour ce chantier qui a représenté 26 t. de bois, 58 t. de pierre et 2 t. de verre, pour une surface qui couvre 250 m2, le coût final au kilo était de 2,50 €/m2, matière grise comprise.

La Hall de Lamure-Sur-Azergues (69) réalisée par E. Polzella - Photos : G. Fessy / M. Chauvin / E. Polzella


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